Mondes d’ailleurs

Trinh Xuan Thuan

(Flammarion, 2021, 544 p. 23,90€)

 
Mondes d'ailleurs (Trinh Xuan Thuan, Flammarion)Un livre qui a pour ambition d’examiner tous les aspects d’une question qui hante l’humanité depuis toujours : «Sommes-nous seuls dans l’Univers ?». Les récits et les théories sur la création de l’Univers abondent dans les textes religieux et aussi dans les travaux de scientifiques, l’histoire ayant retenu les noms de Galilée, Copernic, Kepler pour ne citer que ceux qui ont eu du succès. Selon l’adage bien connu que l’histoire est écrite par les vainqueurs, on n’a retenu que ceux dont l’approche s’est révélée gagnante (ceux-ci-dessus).
Il faut dire que nos prédécesseurs, dans leur souci de comprendre, ont fait avec ce qu’ils avaient sous la main et sous les yeux, ce qui incluait les textes sacrés dont la vocation n’était pourtant pas la vulgarisation scientifique, selon la théorie que «quand on n’a qu’un marteau, tous les problèmes ressemblent à des clous».

L’auteur parle longuement et fort logiquement des exoplanètes, en soulignant un fait peu connu, à savoir que leur découverte avait été annoncée bien avant les années quatre-vingt-dix, et démentie ensuite.
On comprend bien qu’il est difficile de faire des statistiques sur les milliers d’exoplanètes aujourd’hui cataloguées ; les méthodes de détection privilégient un certain type : massive, tournant rapidement dans le plan de visée de l’étoile… Quant à savoir de quoi ces planètes sont faites et si elles pourraient abriter la vie, c’est tout le problème. L’auteur parle en détail d’une zone habitable donnant la bonne température pour que de l’eau liquide puisse exister mais, fort honnêtement, il donne un contre-exemple : notre Lune se trouve dans la zone habitable du Soleil mais n’abrite aucune vie.

L’auteur passe en revue les planètes du Système solaire et leurs satellites, ceux de Jupiter surtout (les satellites galiléens). On est assez ébahi par leur diversité de nature, de structure, d’aspect et on subodore que pour les exoplanètes, il doit en aller de même. On examine un certain nombre de critères qui mènent à la fameuse équation de Drake censée donner le nombre d’univers habités ; un produit de données arbitraires, même le nombre de termes de l’équation n’est pas acquis, et puis on ne dit pas à quoi pourraient ressembler ces êtres vivants venus d’ailleurs.

Ce livre est sans conteste l’œuvre d’un vrai scientifique et on lui pardonnera quelques phrases bizarres comme «Vénus a une température infernale de 4,7 fois celle de l’eau bouillante» ou bien «l’eau combustible principal de la fusée Saturn V». On l’autorisera aussi à rêver à des fusées à propulsion nucléaire, dont le seul exemplaire connu est la fusée à damiers du professeur Tournesol, mais on contestera les discussions théologiques inutiles.

Ce livre se veut pédagogique à la portée d’un lycéen un peu curieux et il l’est, mais au prix de rappels sur les théories de l’évolution, de la relativité, de la biologie… et en faisant l’impasse sur des sujets plus pointus, notamment le saut quantique qui a permis de mesurer l’effet Doppler-Fizeau d’une étoile entraînée par ses satellites ou encore la puissance d’un émetteur qui aurait pu être détecté par le programme SETI (Search of Extraterrestrial Intelligence). Ces rappels engendrent un volume de 507 pages hors index, il faudra que le lycéen soit, en plus, courageux !
Donc un livre intéressant, qui a la grande qualité d’être à jour puisque publié en mai 2021.