David Raubenheimer et Stephen J. Simpson
(Les Arènes, 2021, 320 p. 22,90€)
Depuis plusieurs décennies, de nombreux pays ont découvert le problème de l’obésité, notamment les Etats-Unis mais la France n’est plus épargnée. L’alimentation en glucides et en lipides est souvent mise en cause mais d’autres facteurs sont concernés. C’est pourquoi deux entomologistes australiens se sont attachés à comprendre les mécanismes pouvant être en cause avec l’exemple des animaux sauvages, qui ne sont jamais en surpoids.
Ils ont pu identifier l’existence de cinq appétits différents, dont chacun correspond à un nutriment (protéines, lipides, glucides, calcium, sodium). Ces appétits sont en concurrence mais ce sont les protéines qui prédominent.
La lecture du livre est passionnante. Elle commence par l’histoire du régime alimentaire de Stella, un babouin d’Afrique du Sud, suivie d’une observation sur les nutriments utilisés par une moisissure en Australie. En 1991, les deux auteurs entomologistes débutent une recherche sur l’alimentation des sauterelles. Puis ils s’intéressent à d’autres prédateurs (coléoptères, araignées). Ils ont accepté ensuite une étude sur les animaux de compagnie, où ils concluent que le régime moins protéiné du chien par comparaison avec celui du chat et du loup résulte d’un processus de domestication plus élevé. Par la suite, ils ont démontré le compromis existant entre la durée de vie et le taux de reproduction chez les drosophiles, impliquant des régimes alimentaires différents. Il s’ensuivit une étude sur les souris, qui a démontré le phénomène compliqué de l’obésité et que le fait d’être mince n’était pas la garantie d’une longue vie en bonne santé. Ils constatent que les populations humaines ayant la plus grande longévité (comme les Japonais centenaires de l’île d’Okinawa) ont un régime pauvre en protéines et riche en glucides, comme chez les souris ayant vécu longtemps. Puis ils se sont attachés à comprendre comment les orangs-outans s’adaptaient à leur environnement alimentaire. Mais lorsque ce dernier change, l’adaptation se traduit pas des modifications comme la domestication animale, la sélection des cultures, associées à une forte densité des populations, qui seront alors plus vulnérables aux famines et aux épidémies, puis à une nourriture industrielle malsaine avec les aliments ultra-transformés !
Dans ce livre, les exemples sont nombreux, souvent liés aux voyages lointains (îles, montagnes, déserts, villes) des deux auteurs qui s’attaquent franchement au marketing agressif de certains industriels de l’agro-alimentaire et au cercle vicieux de l’obésité.
Les auteurs en déduisent que le métabolisme de l’Homme est similaire à celui des animaux mais que nous cherchons en permanence à combler notre besoin en protéines face à un environnement alimentaire perturbé par la «nourriture industrielle» trop riche en glucides en en lipides. Et c’est en voulant atteindre notre cible en protéines que nous entrons dans le cercle vicieux d’une surconsommation de sucre et de gras. La conclusion de cet ouvrage est de passer de la théorie à la pratique en consultant le résumé des conseils argumentés permettant de travailler avec et non plus contre notre biologie pour atteindre notre cible protéique, avec l’aide d’exemples et de tableaux sur la valeur nutritionnelle moyenne de plusieurs aliments.
Après avoir lu cet ouvrage, on comprend parfaitement pourquoi il a été élu meilleur livre de l’année par la revue New Scientist.