Guy Caplat
(L’Harmattan, 2016, 1252 p. 90,25 €)
Guy Caplat est à la fois un ancien haut fonctionnaire du ministère de l’Education nationale, où il a été notamment inspecteur général de l’administration, et un chercheur spécialiste de l’histoire de l’éducation ayant notamment fondé et dirigé le Service d’histoire de l’éducation au sein de l’INRP. Il a publié plusieurs ouvrages dont un Dictionnaire biographique des inspecteurs généraux de l’instruction publique (1802-1939).
L’ouvrage s’organise en huit parties distribuées dans quatre forts volumes pour un total de plus de 1200 pages. Le premier tome « Origines et développement de la fonction d’inspection, 1806-1920 » regroupe les deux premières parties :
- Le lien privilégié entre les écoles d’arts et métiers et la fonction d’inspecteur général au XIXe siècle (1806-1880) ;
- Emergence d’un service d’inspection générale de l’enseignement technique (1880-1920).
Le deuxième tome « De l’autonomie à l’intégration, 1920-1980 » regroupe les quatre parties suivantes :
- L’inspection générale de l’enseignement technique organe de contrôle et de liaison dans des structures spécifiques (1920-1962) ;
- Les réformes des années 1960 et les incidences sur l’enseignement technique (1960 et au-delà) ;
- L’évolution statutaire et l’organisation de l’inspection générale de l’enseignement technique de 1920 à 1980-1989 ;
- Rétrospective chronologique et comparative de l’évolution des directions ministérielles, 1860-1960 (enseignement technique et autres enseignements).
Le troisième tome présente, dans une 7e partie, les biographies des individus ayant participé aux missions d’inspection tout au long de cette période.
Le quatrième tome rassemble, dans une 8e partie, un ensemble de textes et documents afférents à l’IGET.
Ce vaste panorama fait d’abord apparaître l’évolution de cette mission d’inspection générale jusqu’à son établissement en corps statutaire en 1908, en liaison avec le développement progressif de l’enseignement technique au long du XIXe siècle, à partir de la personnalité du duc de La Rochefoucauld-Liancourt, créateur de la première école des arts et métiers et premier inspecteur général, dés 1806, des écoles des arts et métiers puis, également, du Conservatoire des arts et métiers.
L’originalité de cette inspection générale tient notamment au fait qu’elle relève alors du département ministériel du commerce et de l’industrie – qui crée en son sein une direction de l’enseignement technique en 1900 – contrairement à l’Inspection générale de l’instruction publique (IGIP) qui dépend, elle, du ministère du même nom.
Malgré le rattachement de l’enseignement technique au ministère de l’Instruction publique en 1920, l’IGET continue à avoir une forte spécificité pendant tout le temps où elle est liée à une puissante direction de l’enseignement technique et, le plus souvent, à un sous-secrétariat d’Etat puis secrétariat d’Etat, c’est-à-dire jusqu’en 1962. Les réformes des années soixante amènent à une assimilation progressive de l’IGET et à la création d’une inspection générale de l’éducation nationale fusionnant l’ancienne IGIP et l’ancienne IGET (1980-1989).
Comme l’indique très justement Pierre Caspard dans sa préface, l’ouvrage est une contribution majeure, très fortement documentée, à l’histoire d‘une institution et, plus largement, de tout un ordre d’enseignement. A travers l’histoire de cette inspection générale et des individus qui l’ont incarnée, depuis le duc de La Rochefoucauld-Liancourt (1747-1823-1827) jusqu’à Lucien Géminard (1914-1980-2014), c’est, en effet, une vision de l’évolution de l’enseignement technique et de son administration au long de 174 années que Guy Caplat nous donne à découvrir. Cette évolution montre bien la manière dont les politiques conduites ont considéré la spécificité des formations techniques et professionnelles, qui sont en permanence confrontées à un double défi, celui de la position dans l’ensemble du processus éducatif et celui du rapport au monde économique et à l’entreprise. Ces questions sont toujours d’actualité.