sous la direction de Sylvain Bouley
(Belin, 2017, 192 p. 23€)
Voici un ouvrage qui arrive à point nommé ! En effet il est publié chez Belin au moment où se tient l’exposition Météorites, entre ciel et terre au Muséum national d’histoire naturelle à Paris. Cet ouvrage, sous la direction de Sylvain Bouley, associe un grand nombre de spécialistes, planétologues et astronomes. Parmi eux, on trouve d’ailleurs le responsable du programme FRIPON, dont l’objet est de tracer les météores et météorites du ciel français.
Le livre est structuré en cinq chapitres, suivis d’un ensemble de fiches pratiques pour l’observation des phénomènes associés.
Le premier chapitre concerne les petits corps. Ceux-ci comportent les astéroïdes, les comètes, les centaures, les objets transneptuniens et les météoroïdes. Ce sont ces derniers, morceaux de comètes ou produits par des chocs entre astéroïdes, qui nous tombent sur la tête. Après avoir étudié les origines des petits corps, on les classe en quatre catégories en fonction de leur réflectance. Pour les voir de plus près, une dizaine de sondes ont été lancées, en particulier la mission Dawn, commencée en 2007, qui a pu observer les astéroïdes Vesta et Cerès. Sont associées de superbes photos d’astéroïdes et de comètes, dont la célèbre Churyumov Gérasimenko, sur lesquels on remarque de nombreux cratères. On étudie ensuite les divers types de comètes, depuis notre planète et aussi avec les résultats des sondes, dont Rosetta. Les mesures correspondantes permettent d’étudier la chimie des corps célestes. A la fin de ce premier chapitre, on se penche sur l’avenir de l’exploration spatiale de ces petits corps.
Le deuxième chapitre est concentré sur le risque de chute d’une météorite sur terre. On étudie d’abord comment et pourquoi les astéroïdes géocroiseurs quittent leur espace entre Mars et Jupiter et on essaye de les identifier. Maintenant, la plupart d’entre eux sont connus et on peut suivre leur trajectoire. Les solutions pour empêcher qu’ils arrivent sur terre sont déjà bien étudiées, ce qui est relativement rassurant. Par contre, le risque est grand de rencontrer de petits morceaux de comètes ou des débris de la myriade de satellites artificiels que les hommes ont envoyés autour de la Terre.
L’observation des collisions dans le Système solaire fait l’objet du troisième chapitre. Après la définition des termes astéroïdes, comètes, météoroïdes, météores et autres météorites, on apprend que les pluies de météores sont liées aux comètes. L’entrée du bolide dans l’atmosphère est décrite, ainsi que sa fragmentation et sa chute. On étudie aussi les différentes méthodes pour surveiller sa trajectoire avant la collision avec la terre. Par contre, il est visiblement difficile de prévoir les collisions des météorites avec les satellites artificiels, ce qui arrive assez souvent. En effet, même de minuscules particules, en raison de leur vitesse élevée, peuvent les détériorer. En fin de chapitre sont étudiés les impacts sur la Lune et les planètes gazeuses.
Le chapitre 4 est consacré aux météorites. D’abord, on regarde l’effet qu’elles ont eu sur nos anciens, bon ou mauvais selon les périodes, puis l’émergence de la discipline scientifique correspondante. Ensuite, on s’intéresse aux moyens pour trouver et étudier les météorites. Constituées de roche ou de fer, on peut les analyser avec les méthodes classiques de la géologie ou de la géochimie. Ces techniques permettent de classer les météorites et d’en connaître l’origine. Certaines ont 4,5 milliards d’années ; d’autres, plus rares, sont plus récentes, viennent de la Lune ou de Mars et nous informent sur l’évolution de ces planètes. Les météorites primitives : les chondrites ont presque l’âge du Soleil et les chondrites carbonées peuvent contenir des grains présolaires. Les météorites de fer sont des morceaux de l’intérieur des météorites différenciés. Celui-ci a fondu et le fer plus dense s’est aggloméré au centre. Il est possible maintenant de trouver précisément l’origine de ces objets célestes, dont certains viennent des astéroïdes Vesta ou Itokawa. Enfin, on fait le lien entre les micrométéorites et les étoiles filantes. Le chapitre se termine par l’utilisation des météorites de fer dans l’Antiquité et des informations sur le marché florissant actuel de ces bolides tombés du ciel.
Le dernier chapitre concerne l’histoire des impacts. On imagine que la chute d’une grosse météorite qui crée un cratère est un phénomène simple, en fait ce n’est pas le cas et il existe une dizaine de types d’impacts différents. Les impacts sont d’une grande importance car une planète est le résultat de l’agglomération de grains de poussières, suivie d’impacts qui génèrent les embryons planétaires. Ceux-ci, suffisamment gros, attirent par gravité tout ce qui les entourent et, par un choc avec d’autres, arrivent à grossir encore. La Terre et la Lune seraient le résultat d’une collision entre un astéroïde et une comète. Sur terre, on compte à ce jour 190 impacts mis à jour sur les cinq continents. Parfois le choc est si brutal qu’il crée des verres par l’augmentation de la température, mais le phénomène est relativement rare en raison de l’atmosphère qui limite l’énergie du bolide. Sur les autres planètes, on peut voir de très nombreux cratères, qui sont en général particuliers, par exemple sur les corps sans atmosphère ou sur les satellites de glace du Système solaire externe. Les impacts sont aussi la source des poussières sur les corps sans atmosphère du Système solaire. On est à peu près sûr maintenant qu’il y a 66 millions d’années, une météorite de grande taille est à l’origine de la disparition de beaucoup d’espèces vivantes sur terre, entre autres des dinosaures. Cela risque de se produire tous les quelques dizaines de millions d’années. A quand le prochain ?
La dernière partie du livre correspond à des fiches pratiques pour observer le ciel, photographier les météores et trouver et identifier les météorites.
Le livre Impacts, des météores aux cratères est tout à fait passionnant et un excellent complément à l’exposition du Muséum national d’histoire naturelle. Il contient de très nombreuses photographies en couleur qui illustrent des textes courts et très didactiques sur chaque sujet. Ce livre nous concerne tous car qui n’est pas intéressé par ces pierres âgées de milliards d’années, venues des espaces lointains et qui viennent nous visiter de temps à autre ?