Cyril Verdet
(CNRS Editions, 2018, 281 p. 28€)
Ce livre de Cyril Verdet, professeur de physique au lycée Stanislas à Paris et chercheur associé de l’Observatoire de Paris est préfacé par Michel Blay, directeur de recherche émérite du CNRS.
Il ne s’agit pas d’un livre de physique mais de l’ouvrage d’un pédagogue sur la physique. Le lecteur n’y trouvera pas les formulations mathématiques habituelles mais des analyses historiques et conceptuelles. Après une introduction portant sur l’objet de la physique (rendre compte de la nature) et sur sa mathématisation au cours de l’histoire, sont médités les moyens utilisés par la pensée pour développer cette science : l’abstraction, la mesure, la conservation, la loi, l’ordre déductif et la théorie. Ces méditations sont, chacune, accompagnées d’extraits de deux textes anciens relatifs au sujet traité. Leurs choix témoignent de la large culture de l’auteur.
A propos de l’abstraction il est nécessaire de remarquer que si le physicien prétend à l’objectivité, il ne focalise son attention que sur certaines facettes de la réalité : son observation implique en fait une certaine décision, qui ne retient que ce qui mérite d’être consigné.
Quant à la mesure, c’est un acte de comparaison qui permet d’associer une valeur numérique à une grandeur qui peut l’admettre. L’extension à des grandeurs intensives est traitée dans un texte provenant de L’évolution de la mécanique (Joanin, Paris, 1903) de Pierre Duhem.
L’additivité des grandeurs extensives, qui a permis les débuts de la mathématisation de la physique, suppose la conservation des grandeurs des parties quelles que soient les conditions de lieu et temporelles.
La notion de loi, qui est due à R. Descartes (1633), est analogue à celle de règle de F. Bacon (1620). Il faut être conscient de la confusion fréquente entre proportionnalité de deux grandeurs et relation de causalité.
Toute proposition doit, d’une part, satisfaire à la logique de la chaîne déductive dont elle procède et, d’autre part, être vérifiée expérimentalement.
Si, au XIXe siècle la Mécanique analytique (Courcier, Paris, 1811) de J.L. Lagrange, entièrement fondée sur l’analyse mathématique, a souvent servi d’exemple en France pour développer des théories dans d’autres branches du savoir, en Grande-Bretagne des modèles ont été fréquemment utilisés.
Ces questionnements philosophiques sont souvent absents des manuels et des réflexions des professionnels de la physique, ce serait pourtant un moyen pour intéresser à cette culture ceux qui trouvent rébarbatives les prouesses de calculs.