Jeanne Brugère-Picoux
Professeur honoraire de pathologie médicale du bétail et des animaux de basse-cour (Ecole nationale vétérinaire d’Alfort), membre de l’Académie nationale de médecine, ancienne présidente de l’Académie vétérinaire de France
Après la mort par encéphalite entre 2011 et 2013 de trois propriétaires d’un écureuil multicolore (Sciurus variegatoides) en Allemagne, un nouveau virus zoonotique, le « variegated squirrel bornavirus 1 » ou VSBV-1 a été identifié en 2015. Dans cette famille des Bornaviridae, les autres bornavirus des mammifères (Mammalian 1 bornavirus ou BoDV-1 et -2) et des oiseaux (Passeriform 1/2 bornavirus, Psittaciform 1/2 bornavirus, Waterbird 1 bornavirus) ne sont pas considérés comme étant zoonotiques. Une étude récente [1] réalisée sur 468 écureuils [14 espèces correspondant à des animaux de compagnie en Allemagne (339) et aux Pays-Bas (49 chez 4 propriétaires) ou trouvés morts sur les routes au Royaume-Uni (20)] a permis de détecter 11 animaux positifs asymptomatiques [9 en Allemagne et 2 aux Pays-Bas dont 6 écureuils multicolores et 5 écureuils arboricoles de Prévost (Callosciurus prevostii) soit une prévalence de 3,3% et de 8,8% respectivement]. Ces écureuils positifs ont été euthanasiés et l’antigène viral a été mis en évidence en grande quantité dans le système central, la cavité buccale et la peau, indiquant la possibilité d’une transmission à l’Homme par griffure ou par morsure.
Ces résultats témoignent de l’intérêt d’un dépistage du bornavirus zoonotique VSBV-1 chez ces deux espèces d’écureuils pouvant être en contact avec le public, notamment dans les jardins zoologiques. Rappelons que ces deux espèces d’écureuils ne sont pas de nouveaux animaux de compagnie (NAC) en France.