Michel Blay
(CNRS Editions, 2017, 302 p. 22€)
Le message de l’auteur est que, à chaque époque, la vision de la science est intégrée dans une vision philosophique globale du monde.
Michel Blay considère quatre grandes époques :
– l’Antiquité : « l’intelligible »,
– le Moyen Age : « l’ordre théologico-cosmique chrétien »,
– la période moderne : « le mathématique »,
– la période à partir de la fin du XVIIIe siècle : « l’ordre économico-cosmique énergétiste ».
Le concept de nature a varié selon ces époques. Pour Aristote, c’est « la substance des choses qui possèdent un principe de mouvement entre elles-mêmes en tant que telles » (les êtres vivants mais pas seulement). Au Moyen Age, pour Michel Blay, « la théologie de [l’abbé de] Suger [initiateur de la basilique de Saint-Denis]… unifie par le Christ le monde des réalités matérielles et spirituelles ». Les mouvements des astres et des planètes appartiennent au monde spirituel. Au contraire Galilée a une approche d’ingénieur et interprète par des lois semblables les mouvements célestes et terrestres, en rupture avec l’approche médiévale. Puis la mathématisation des lois du mouvement se met en place. Dans la période la plus récente, les inventions techniques, le concept de travail et la maîtrise du temps sont en lien direct avec le monde économique : pour l’auteur, « la technique se réalise maintenant dans l’énergie ».
Ce livre qui croise philosophie et histoire des sciences présente une approche globale, originale et éclairante.