Deux rapports parlementaires et une réunion de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques pour améliorer la place des femmes en sciences

Claudine Hermann

Présidente d’honneur de l’association Femmes & Sciences, présidente de la Plateforme européenne des femmes scientifiques (EPWS)
 

© Assemblée nationale

Femmes et sciences: réunion commune de la délégation aux droits des femmes de l'Assemblée nationale et du Sénat et de l'OPECST, le 28 juin 2018 - © Assemblée nationale

La délégation aux Droits des femmes de l’Assemblée nationale a publié en juin 2018 un rapport d’information Femmes et Sciences : l’urgence d’actions pour l’égalité réelle, dont les rapporteurs sont les députés Céline Calvez (La République en Marche) et Stéphane Viry (Les Républicains). Le document, très détaillé, est focalisé sur les sciences dites « dures », les travaux ayant montré des difficultés plus fortes dans ce secteur. Entre novembre 2017 et mai 2018, 32 personnes ont été auditionnées, de Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel, et Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, aux représentantes d’associations de femmes scientifiques, ainsi que des responsables de structures institutionnelles sur ce sujet, des créatrices de start-ups et des chercheuses sur le genre. Par ailleurs une consultation citoyenne sur le thème des femmes et des sciences a été ouverte.
Le rapport propose des recommandations dans les domaines suivants :

  • Lutter contre les stéréotypes de genre, au niveau de l’enseignement et de l’éducation ;
  • Agir prioritairement à l’école et dans l’enseignement supérieur, au niveau de l’égalité entre filles et garçons, entre les femmes et les hommes, et à celui de l’orientation ;
  • Renforcer les règles applicables au monde du travail, en particulier à travers la responsabilité sociale des entreprises, et développer le mentorat ;
  • Promouvoir l’égalité et impliquer les hommes.

D’autre part, Cédric Villani, mathématicien et député, a réalisé un rapport au Premier ministre, Donner un sens à l’intelligence artificielle, dans lequel un chapitre est consacré à la diversité et en particulier à la place des femmes dans ce domaine car « pour relever les défis de l’intelligence artificielle, il nous faut nous appuyer sur l’ensemble de nos talents ». Or actuellement les femmes sont moins de 10% des élèves des écoles d’ingénieurs en informatique et des progrès sont à faire dans le secteur du numérique sur les conditions des carrières des femmes.

Le rapport sur les femmes et les sciences et celui sur l’intelligence artificielle ont été présentés le 28 juin 2018 lors d’une réunion conjointe avec les deux délégations aux Droits des femmes de l’Assemblée nationale et du Sénat, organisée par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST).

A cette occasion, six femmes scientifiques ont commenté ces deux rapports, présenté leur point de vue sur la question Femmes et Sciences et suggéré des mesures pour améliorer la situation :

  • Nathalie Carrasco, chimiste, enseignante-chercheuse au laboratoire Atmosphères, milieux, observations spatiales (LATMOS), prix Irène Joliot-Curie 2016 catégorie « Jeune femme scientifique » ;
  • Christine Clerici, présidente de l’université Paris-Diderot, professeure en physiologie, membre du conseil scientifique de l’Office ;
  • Maria J. Esteban, mathématicienne, directrice de recherche au CNRS, présidente de l’International Council for Industrial and Applied Mathematics (ICIAM) ;
  • Claudine Hermann, présidente de la Plateforme européenne des femmes scientifiques (EPWS) et membre du Conseil d’administration de l’AFAS ;
  • Hélène Morlon, mathématicienne du vivant, directrice de recherche au CNRS, prix Irène Joliot-Curie 2017 catégorie « Jeune femme scientifique » ;
  • Anne-Lucie Wack, présidente de la Conférence des grandes écoles (CGE), directrice générale de Montpellier SupAgro (Institut national d’études supérieures agronomiques), membre de l’Académie des technologies.

Les députés ont insisté sur l’importance au plan national d’impliquer les femmes dans la recherche. Rendez-vous a été pris par la députée Céline Calvez pour dans un an, afin de faire le point sur les progrès qui auront été réalisés.

La vidéo de la réunion est disponible sur le site de l’OPECST.