Serge Chambaud
Président de l’AFAS
La société des ingénieurs et scientifiques de France (IESF) vient de publier les résultats de son enquête nationale annuelle sur les ingénieurs, menée avec l’aide des associations d’anciens élèves des écoles d’ingénieurs.
La population d’ingénieurs, qui dépasse cette année le million, continue de croître de 4 % par an.
77 % des ingénieurs sont satisfaits ou très satisfaits de leur emploi (contre 44 % en 2010).
Ils sont très majoritairement cadres (96 %), en CDI (94%), dans le secteur privé (79 %) et salariés (75 %). Leur salaire annuel brut médian – qui triple au cours de la carrière – est de 56 000 € (17 % de plus que celui de l’ensemble des cadres), avec une durée de travail hebdomadaire de 45 heures ou plus pour 56 % d’entre eux.
Leur taux de chômage reste faible : 3,9 % (2,8 % en excluant les jeunes diplômés à la recherche d’un premier emploi). Le recrutement demeure relativement facile, dans un marché globalement équilibré malgré une tension particulière apparue dans le secteur du numérique.
49 % des ingénieurs travaillent en province et DOM, 35 % en Ile-de-France et 16 % à l’étranger – dont 35% n’envisagent pas de revenir en France. Les expatriations, qui avaient progressé autour de 2010, semblent marquer le pas. La Suisse demeure la première destination, suivie par les Etats-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Des mutations sectorielles sont observées en 2016 : les effectifs d’ingénieurs baissent légèrement dans l’industrie et progressent fortement dans les activités de « Conseil en technologie, logiciels et services informatiques » (+ 16 %) et de « Conseil en stratégie » (+ 11 %).
La population d’ingénieurs se féminise lentement (4 % de plus par décennie) ; en 2016, on compte 20,3 % de femmes ingénieurs et 28,5 % dans la dernière promo d’ingénieurs diplômés.
Le plafond de verre est toujours présent, avec moins de postes d’encadrement élevés pour les femmes ingénieurs, des rémunérations inférieures à niveau hiérarchique égal, et près de deux fois plus de CDD.
La progression de la féminisation est forte dans les secteurs de l’agriculture, des industries (hors celles du transport et des machines armements), de l’eau, du gaz et de l’électricité, ainsi que dans les BTP et les sociétés de service. Seul le secteur « Banques, assurances » est à contre-courant de la tendance générale, avec une proportion de femmes en diminution.
Chez les moins de 30 ans, les femmes sont désormais majoritaires dans les industries agro-alimentaires, le secteur « Eau, assainissement, dépollution », l’industrie pharmaceutique et le secteur « Agriculture, sylviculture et pêche ».
Enfin, deux thématiques particulières ont été étudiées dans l’enquête 2017 :
- La formation tout au long de la vie professionnelle
44 % des ingénieurs ont suivi une formation professionnelle en 2016 (contre 34 % en 2009). L’absence de formations est fortement ressentie dans les TPE, où seulement 27 % des ingénieurs y ont eu accès (contre 51,3 % dans les grandes entreprises).
Deux types de formations – emblématiques du déroulé de carrière d’un ingénieur – sont privilégiées : « scientifiques et techniques dans la spécialité » et « management et leadership ». Elles restent effectuées à 75 % en présentiel, malgré le développement de nouveaux modes de formation (e-learning, MOOC, classe virtuelle). - La transformation numérique des entreprises
43% des ingénieurs estiment que la transformation numérique est une révolution qui va engendrer des changements profonds, principalement dans les secteurs du tertiaire et de l’industrie.
50 % des ingénieurs se sentent complètement armés pour aborder cette mutation, contre 8 % pas du tout ; les moins de 30 ans s’estimant, sans surprise, plus souvent complètement armés.
La transformation numérique est fortement engagée dans les grandes entreprises, deux fois plus que dans les entreprises de taille intermédiaire, et trois à quatre fois plus que dans les PME et TPE.