Michel Lévy-Provençal
(Belin, 2019, 216 p. 21€)
Le livre veut donner des éléments de réflexion pour comprendre le monde qui vient, grâce à 33 groupes d’interrogations rassemblées en quatre «révolutions» – la révolution de la ressource et des territoires, la révolution politique, la révolution cognitive, la révolution de la vie et du vivant – afin de lancer le débat sur notre futur commun. Il fait référence d’emblée à la Singularity University de Ray Kurzweil et Peter Diamandis : vision «exponentielle» de l’évolution du monde et rencontre des trois «singularités» – technologique, écologique et sociale – qui font que l’humanité est à un tournant de son histoire.
Dans le chapitre Révolution de la ressource et des territoires, il constate le processus de création d’un «cerveau planétaire», passe en revue un certain nombre de domaines technologiques – énergie, mobilité, eau, spatial, biotechnologies et biomimétisme –, pour s’interroger sur nos capacités à dépasser les contraintes naturelles et nos propres limites.
Dans le chapitre Révolution politique, il s’interroge sur notre capacité à maîtriser le post-carbone, la pauvreté et les inégalités, sur le devenir du travail, sur l’impact des cryptomonnaies, des plateformes, réseaux et blockchains, qui mettent en question la citoyenneté traditionnelle dans le cadre des Etats-Nations, et sur l’impact que pourrait avoir le développement de la cryptologie quantique.
Dans le chapitre Révolution cognitive, il s’interroge sur le fonctionnement du cerveau, nos émotions, leur origine chimique et leur rôle, sur le processus d’apprentissage, sur les différents moyens d’augmenter nos capacités cérébrales par la réalité virtuelle, les interfaces hommes-machines ou la création d’exocortex.
Dans le chapitre Révolution de la vie et du vivant, il s’interroge sur les perspectives ouvertes par la révolution numérique appliquée aux biotechnologies, par les manipulations génétiques, par les modifications de l’ADN, les nouvelles formes de production alimentaire, la reproduction asexuée et l’eugénisme cognitif.
Il s’agit donc d’un balayage qui se veut très complet des questions posées par les principaux champs scientifiques et technologiques et leurs possibles évolutions ouvrant souvent des perspectives vertigineuses, dont on se demande toujours quelle est la part du vraisemblable et quelle est la part de la science-fiction. Va-t-on vraiment vers une noosphère de clones virtuels et immortels, dans le cloud, pour chacun de nous ?
Mais il fait apparaître aussi les risques forts de clivage, au sein de notre humanité, entre les «inutiles» et les «dieux» (Harari) et le rôle de quelques individus – experts et scientifiques de haut niveau dans leurs domaines de spécialités respectifs, chefs d’entreprises à dimension mondiale, dirigeants politiques – sur ces possibles évolutions. Quel sera le pilotage politique, c’est-à-dire d’intérêt général, de ces perspectives qui concernent le devenir de l’humanité toute entière ?