Catherine Bréchignac et Arnaud Benedetti
(humenSciences, 2019, 173 p. 20€)
Voilà un livre tout à fait d’actualité pour tous ceux qui s’interrogent sur la relation entre science, technique et société et, encore plus globalement, sur l’impact de l’accélération du mouvement scientifico-technologique sur la marche et le devenir de notre monde.
Il ne s’agit pas d’un essai didactique bardé de références et de présentations savantes sur l’état de la science aujourd’hui. Les deux auteurs ont choisi la forme de la conversation entre amis, qui les fait balayer, au fil de sept chapitres qui sont autant d’entrées, l’articulation entre l’évolution accélérée des sciences et des techniques et ses conséquences sur le devenir du monde.
De l’écran, l’image et le développement de la réalité virtuelle (chapitre 1) on passe à la tyrannie de la com’ (chapitre 2) et son risque d’hystérisation de la société, puis aux fake news (chapitre 3) et au besoin d’une culture générale comprenant la CSTI [1] face aux risques de la post-vérité, puis à l’intelligence artificielle (chapitre 4) qui amène à repenser l’intelligence rationnelle, l’intelligence de situation et la conscience, puis à notre planète (chapitre 5) affrontée aux sociétés de la surconsommation et du déchet et à la croissance démographique, qui invente le concept de biodiversité et qui s’interroge sur une décroissance salvatrice, puis au post-humanisme (chapitre 6) qui passe de l’homme réparé à l’homme augmenté en vue de la préparation d’un surhomme avec toutes les conséquences que cela pourrait avoir en termes d’inégalité entre les humains et de risques de transgression, et enfin à nos limites (chapitre 7), limites des lois physiques telle celle de la vitesse de la lumière qui imbrique l’espace et le temps, finitude de notre planète, limites de l’intelligence rationnelle, risque d’inhumanité d’une société technicienne et son refus de la mort, limites de la politique et risque d’a-démocratie.
Riche de la verve et de la culture de chacun des duettistes, l’ouvrage pose la question fondamentale de ce qu’est la science et la marche de la connaissance dans la controverse entre un pessimiste redoutant l’hubris du développement technologique et une optimiste plaidant la cause de la raison raisonnable et de l’universalité de la science. L’Homme est un animal politique et un animal technologue, sa condition est le mouvement, auquel il ne peut échapper.
A chacun de construire sa conclusion…