Jeanne Brugère-Picoux
Professeur honoraire de pathologie médicale du bétail et des animaux de basse-cour (Ecole nationale vétérinaire d’Alfort), membre de l’Académie nationale de médecine, ancienne présidente de l’Académie vétérinaire de France
L’encéphalite japonaise est la principale cause d’encéphalite humaine en Asie (cf carte ci-dessous). Lors d’une épidémie d’encéphalite japonaise, seulement 0,1 à 4% des personnes infectées développent une encéphalite avec des symptômes, les enfants étant les plus souvent atteints. L’incidence annuelle de ces cas serait de 50 000 à 175 000, avec un taux de mortalité de 25 à 30% alors que 50% des survivants présenteront des séquelles neurologiques parfois graves.
On avait toujours considéré que la maladie était uniquement transmise par des moustiques, le porc étant le réservoir amplificateur de cette virose également véhiculée par les oiseaux.
Des chercheurs suisses ont démontré que ce virus pouvait aussi se propager par contact entre porcs, expliquant ainsi la persistance de la maladie pendant l’hiver, en particulier dans l’île japonaise du nord de Hokkaido, toujours atteinte par de nouveaux foyers malgré l’absence de moustiques. Ces mêmes scientifiques ont montré que le virus se répliquait dans les amygdales où il pouvait persister 25 jours, la voie de transmission directe pouvant être oro-nasale.
On peut cependant noter que les cas humains d’encéphalite japonaise importés n’ont jamais été suivis d’une contamination secondaire.
Cette découverte est importante car les flaviviroses sont souvent des zoonoses. Parmi celles-ci, on avait déjà démontré chez l’Homme la possibilité de transmission interhumaine du virus du Nil occidental, notamment par transfusion sanguine. Par ailleurs, on suspecte un autre mode de transmission pour l’infection due au virus Zika (transmission sexuelle).