Les fausses morilles pourraient jouer un rôle dans l’écologie de la sclérose latérale amyotrophique

Jeanne Brugère-Picoux

Professeur honoraire de pathologie médicale du bétail et des animaux de basse-cour (Ecole nationale vétérinaire d’Alfort), membre de l’Académie nationale de médecine, présidente honoraire de l’Académie vétérinaire de France
 

Gyromitre fausse morille – Toffel, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons


 
Jusqu’en 1990, les fausses morilles (Gyromitra gigas) pouvaient encore être classées en tant que comestibles. Ce n’est plus le cas depuis 1991 en Europe.

Très récemment, nous apprenons que ces gyromitres pourraient être responsables d’une sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou maladie de Charcot.

Cette découverte est due à une médecin généraliste qui alerta des spécialistes de cette maladie face à un nombre anormalement élevé de cas dans le village de Montchavin, près La Plagne (Savoie) : entre 1990 et 2018, quatorze cas de SLA ont été diagnostiqués dans ce village d’une centaine d’habitants. Une origine génétique et plusieurs facteurs environnementaux connus (plomb, autres contaminants chimiques dans le sol, eau, alimentation…) ont été éliminés. L’enquête a surtout révélé que tous les patients avaient ingéré des champignons sauvages, notamment des fausses morilles. La moitié des malades a signalé une maladie aiguë après la consommation de ces champignons.

Cette découverte soutient l’hypothèse que les génotoxines d’origine fongique peuvent induire une dégénérescence des motoneurones.

 

Lagrange E, Vernoux JP, Reis J, Palmer V, Camu W, Spencer PS. An amyotrophic lateral sclerosis hot spot in the French Alps associated with genotoxic fungi. J Neurol Sci. août 2021;427:117558.