Stéphan Jacquet, Anne-Claire Baudoux, Yves Desdevises, Soizick F. Le Guyader
(Quae, 2023, 110 p. 18€)
La question posée en titre contient déjà le propos porté par les quatre auteurs de cet ouvrage.
Depuis leur découverte, il y a une centaine d’années, puis leur visualisation grâce au microscope électronique, les virus ont été avant tout considérés comme des agents pathogènes des cellules animales ou des cellules végétales ou même des bactéries. Ces dernières années, les nouvelles techniques de métagénomique ont permis de montrer la grande diversité des virus, notamment marins puisque c’est le propos des auteurs, respectivement directeur de recherche à l’Inrae, chargée de recherche au CNRS, directeur de l’Observatoire océanologique de Banuyls-sur-mer et directrice de recherche à l’Ifremer.
Publié aux éditions Quae, cet ouvrage ne diffère pas des autres ouvrages de la collection. Il offre, en un peu plus de cent pages, un propos scientifique de base, également très actuel, et écrit pas des spécialistes du domaine. Il se termine par une belle bibliographie, pourtant qualifiée de succincte. Son propos traite uniquement des virus marins, virus des mers et des océans, mais la richesse et les rôles de ces virus sont aussi déclinables aux virus des eaux douces.
Le livre comprend six chapitres, constitués de quelques pages comme celui consacré aux applications concrètes de ce type d’études ou de plus de vingt pages comme celui consacré à leurs rôles.
La mission Tara Océans (https://fondationtaraocean.org) a permis de révéler la très grande diversité des virus marins (pour exemple, 200 000 populations de virus à ADN à prédominance double brin ont été isolées dans le virome océanique). Les communautés virales sont liées aux caractéristiques environnementales des milieux, température et oxygène. Certes leur répartition est diversifiée, mais en moyenne il y a entre 108 et 1011 particules virales par litre d’eau de mer, les bactéries y étant 5 à 25 fois moins nombreuses.
Même si la connaissance des rôles des virus au niveau des écosystèmes et de leur réponse au changement climatique nécessite des observations in situ, d’autres rôles sont mieux documentés. Ainsi ceux réalisés dans les grands cycles biogéochimiques, dans les microbiotes des êtres marins, poissons, corail, méduses.., dans la diversité génétique du monde cellulaire grâce à la transduction, ou comme agents de mortalité des bactéries et du phytoplancton notamment.
Le dernier chapitre aborde des grandes questions comme : les virus sont-ils des êtres vivants ? les virus marins peuvent-ils être dangereux pour l’homme, voire, les virus sont-ils bons pour leurs hôtes ?
Découvrez les réponses apportées par les auteurs dans cet ouvrage qu’on a grand plaisir à parcourir. Toutefois, sans être réservée aux virologistes, sa lecture nécessite de maîtriser de bonnes connaissances assez transversales en biologie.