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Edito du 3 mars 2025

La science n’est pas une option !

Jean-Gabriel Ganascia

Professeur d’informatique à la faculté des sciences de Sorbonne Université, membre de l’Institut universitaire de France, ancien président du comité d’éthique du CNRS

Avec le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis, nous voici replongés dans la contestation de la science. Souvenons-nous qu’en 2016, au début du premier mandat de Donald Trump à la présidence des États-Unis, on parla de «régime de post-vérité» (regimes of posttruth — ROPT — en anglais) pour signifier que la vérité faisait désormais l’objet d’un négoce, d’un «deal», d’une option qu’on monnayait selon les avantages politiques qu’on en tirait. On entrait dès lors dans l’ère que d’aucuns qualifièrent de post-politique ou de post-démocratie. Consacré «mot de l’année» par l’American Dialect Society (ADS) en 2017, le terme fake news (littéralement «fausses nouvelles») désignait originellement les faux bruits circulant sur les réseaux sociaux et susceptibles d’interférer avec les informations attestées. Il fut ensuite repris par Donald Trump pour jeter le discrédit sur les articles de presse le mettant en cause, qu’il assimilait autoritairement à des faux bruits. À cette guerre contre la vérité en politique, s’ajouta une guerre contre les vérités étayées sur des faits par des méthodes scientifiques. On se souvient de la mise en cause et de la censure des conclusions des chercheurs du GIEC sur le réchauffement climatique et, plus tard, lors de la pandémie de Covid-19, sur les conséquences de la maladie induite par ce virus.

Aujourd’hui, ces attaques contre la science reprennent de plus belle. L’homme d’affaires Elon Musk, qui joue un rôle si important dans le gouvernement américain actuel, ne s’embarrasse pas, lui non plus, de vérités scientifiques lorsqu’il promeut des projets transhumanistes de tous ordres, par exemple l’idée de «dentelle neurale» (neural lace) à l’origine de la société Neuralink et qui vise à connecter l’ensemble des cerveaux humains entre eux par le truchement des réseaux de télécommunication numériques. De même, le sénateur Robert F. Kennedy, désormais secrétaire à la Santé aux États-Unis, promeut des militants antivax à des postes importants dans l’infrastructure des services de santé américains, tout en éliminant les nutritionnistes de la FDA (Food and Drug Administration).

Qui plus est, les attaques de la science ne portent plus seulement sur les vérités établies avec des méthodes scientifiques, mais aussi sur les financements de la recherche. De nombreux projets sont abandonnés dans tous les secteurs scientifiques, et pas uniquement dans les sciences sociales comme on aurait pu s’y attendre. Ainsi en va-t-il dans le domaine des sciences de la vie, où des projets de microbiologie qui auraient dû être financés par le NIH (National Institut of Health) ont été stoppés brutalement. À terme, cela aura des effets préjudiciables sur l’ensemble de la recherche nord-américaine car les carrières des jeunes docteurs en seront brisées.

À l’heure où la planète doit faire face à des défis climatiques et sanitaires majeurs, il ne faudrait pas que cette mise en cause de la science et de la vérité scientifique outre-atlantique trouve des relais ailleurs dans le monde, en particulier en Europe. Pour cela, il faut diffuser la connaissance scientifique auprès du grand public, la faire comprendre et en donner le goût. Cela légitime une fois encore, et plus que jamais, la vocation d’associations comme l’AFAS !


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