Denis Lairon
(Quae, 2020, 152 p. 18€)
Directeur de recherche émérite à l’Inserm, Denis Lairon est un expert reconnu en nutrition. Il synthétise les études récentes mettant en lumière les liens entre le régime alimentaire et la santé, montrant clairement l’intérêt de régimes plus végétaux. Mais comment bien se nourrir et produire directement des aliments sains ? C’est le projet de ce petit livre de 150 pages, qui comporte 9 chapitres.
Le premier se rapporte à la sécurité alimentaire et la malnutrition, soulignant les problèmes de sous-alimentation dans le monde, en particulier en Afrique et en Asie, cette insécurité alimentaire par défaut d’accès à la nourriture ne s’améliorant pas en raison de nombreux facteurs.
Le second chapitre a pour objet l’amélioration des systèmes alimentaires pour éviter la «malbouffe» favorisant l’obésité et ses nombreuses conséquences médicales, les pollutions (nitrates, pesticides), les émissions de gaz à effet de serre, sans oublier le bien-être animal. L’auteur a collaboré au programme international de l’ONU sur les systèmes alimentaires durables décidé en 2014 et décrit dans le chapitre 9 de ce livre.
Le troisième chapitre concerne «une alimentation pour satisfaire nos besoins», en soulignant les teneurs en énergie, nutriments et fibres des aliments consommés ainsi que nos besoins physiologiques, nos habitudes alimentaires, avec des recommandations pour mieux se nourrir et surtout, mieux choisir les aliments transformés facilement. Des tableaux permettent de connaître la composition des aliments les plus courants et les consommations moyennes des adultes en France, pour terminer par des recommandations alimentaires françaises du ministère de la Santé en 2019.
Dans le chapitre suivant, l’auteur présente comment l’alimentation et notre mode de vie sont impliqués dans l’augmentation des maladies non transmissibles (cardiovasculaires, neurodégénératives, cancers, etc.) pour expliquer que les apports en énergie sont nécessaires mais avec modération, quels sont les nutriments et les fibres à valoriser, et le problème majeur de l’obésité en santé publique.
Puis la toxicité des pesticides est abordée dans le chapitre suivant, une alternative à l’emploi de ces toxiques étant annoncée dans les chapitres 8 et 9.
Le chapitre 6 s’attache aux productions alimentaires et à la santé de la planète. L’emploi croissant des sols (mais inversement, une urbanisation diminuant ces terres agricoles), la consommation d’eau trop importante, l’épandage massif d’engrais, une forte consommation d’énergie sont autant de facteurs jouant un rôle sur nos ressources qui, par ailleurs, peuvent se dégrader (pollution des sols, de l’eau ou de l’air). La biodiversité est aussi impactée (épuisement des réserves marines, disparition des oiseaux et des insectes), sans oublier l’émission des gaz à effet de serre.
Le chapitre 7 montre que les bienfaits de l’alimentation méditerranéenne ont été prouvés par diverses études mais que ce modèle d’alimentation se perd progressivement.
Dans le chapitre 8, l’auteur défend l’agriculture biologique, qu’il a découverte très jeune. Tout d’abord, il s’agit d’agroécologie (anciennement dénommée agriculture durable) et d’agriculture biologique (communément appelée bio). Ce chapitre présente la qualité des aliments bio, en particulier par la comparaison entre les produits transformés bio et non bio, et les données bibliographiques sur l’efficacité des produits bio dans la prévention de certaines maladies non transmissibles.
Enfin, le dernier chapitre souligne la grande urgence à s’orienter vers des systèmes alimentaires durables, rappelant comment mieux se nourrir durablement (alimentation méditerranéenne, alimentation traditionnelle asiatique des centenaires japonais de l’île d’Okinawa ou la nouvelle alimentation nordique s’inspirant de l’alimentation méditerranéenne), en rappelant que nous ne devrions pas oublier cette phrase d’Hippocrate : «que ton alimentation soit ta première médecine».
Ce livre est particulièrement dense en renseignements et conseils pour mieux se nourrir, en particulier dans le domaine du bio, malgré le fait que que la planète ne pourra jamais être nourrie que par du bio dans les années à venir.