Christophe Bonnal
(Belin, 2016, 240 p. 19,90 €)
« Les solutions d’une génération sont les problèmes de la génération suivante. » Ce petit dicton a des applications dans tous les domaines ; c’est ainsi que l’abus des antibiotiques fait surgir des bactéries de plus en plus résistantes, la grande pêche toujours plus performante menace tout simplement de faire disparaître les baleines et les autres ressources halieutiques, la lutte contre la pauvreté et les progrès de la production entraînent l’apparition de pollutions et de montagnes de déchets… et la conquête spatiale qui nous rend tant de services de toutes sortes est menacée par nos mauvaises habitudes de laisser en orbite les derniers étages des lanceurs, les satellites en fin de vie et tous les équipements, panneaux solaires, enveloppes protectrices, etc. ayant joué leur rôle et rejetés.
Le plus étonnant est que la menace des météorites, et en particulier celle des innombrables micrométéorites, était redoutée des précurseurs, mais les premières années de la conquête spatiale montrent que cette menace avait été largement surestimée. Dès lors pourquoi se gêner ? L’espace n’est-il pas immense et vide ? Mais les déchets laissés en orbite sont très différents des météorites : ils ne font pas que passer, ils restent aux altitudes gênantes pendant des années voire des siècles et leur vitesse de plusieurs kilomètres par seconde les rend très dangereux. Mais il y a plus : les collisions mutuelles de débris les fragmentent et multiplient leur nombre. L’Agence spatiale européenne (ESA) estime ce nombre à plus de 5000 pour les débris métriques, 700 000 pour les débris centimétriques, des centaines de milliards pour les débris décimillimétriques, il devient impossible de les recenser tous, et si l’on peut encore éviter tel ou tel gros débris bien repéré, seul un blindage suffisant, et très lourd, peut protéger des petits débris. Le 12 février 2009, un satellite russe depuis longtemps abandonné heurte et détruit un satellite américain en service et le fragmente en plus de 700 débris…
Certes, il y a des nuances : sur les orbites basses, le freinage atmosphérique conduit à la chute en quelques années et le nettoyage est automatique, mais à partir de 800 km d’altitude, les durées de vie se comptent en siècles ou en millénaires ; il en résulte que les zones les plus dangereuses sont au voisinage de 1000 km d’altitude et aussi sur l’orbite géostationnaire… particulièrement encombrée.
Que faire ? Des précautions simples permettent d’éviter accidents et explosions : vidanger les réservoirs utilisés, prévoir la chute des satellites en fin de vie utile, etc. Mais il faudra sans doute en venir au nettoyage actif par des engins spécialisés capturant les plus gros débris et les désorbitant, comment cela ? En ce domaine, l’imagination des chercheurs est sans limite et le chapitre qui leur est consacré est du plus haut intérêt.