Télévision, anatomie d’un objet technique, social et politique

« L’aventure des inventions »
Jeudi 27 juin 2024 à 18h au Cnam, Paris

Récepteur de télévision Emyradio, 1937-1938
© Musée des Arts et Métiers/Cnam, photo : Michèle Favareille


 
Avec Isabelle Veyrat Masson, directrice de recherche émérite au CNRS
 
Venez prendre part au récit de la formidable aventure des inventions au Cnam : à partir d’un objet emblématique du musée des Arts et Métiers, un expert vous fera traverser des siècles d’innovation et de débats.
 
Plusieurs objets pourraient symboliser la télévision. On choisira d’évoquer la télévision à partir de ce qui symbolise son arrivée : la télévision mécanique. Celle du Cnam – présentée dans l’exposition Culture TV – et qui est le point de départ de cette conférence, a été mise au point par René Barthélémy en 1935.
La guerre avait provoqué une accélération du développement de la radio, la TSF ; pourtant, les travaux de mise au point de la télévision étaient restés en jachère. Leur reprise permet des progrès rapides et spectaculaires dans la possibilité de diffuser à distance des images animées, que ce soit en Grande-Bretagne, en France ou aux Etats-Unis.
L’Écossais John Logie Baird avait été le premier à réaliser cet exploit depuis longtemps rêvé par les poètes et les techniciens. Ses recherches visaient d’abord à résoudre le problème du guidage des navires par temps de brouillard (suite féconde du traumatisme causé par le naufrage du Titanic). Le brevet de télévision mécanique qu’il dépose en 1923 décrit une machine disposant de deux disques de Nipkow fonctionnant de façon synchrone pour la captation et la réception. L’image comporte huit lignes.
En 1925, Baird est en mesure de faire une présentation convaincante de son «Televisor» : un disque en carton, double spirale à huit trous.
En France, René Barthélémy, ancien du groupe Ferrié, ingénieur à la Compagnie des compteurs de Montrouge, suit un chemin parallèle et progresse rapidement. Les images qu’il transmet dès 1929 (le visage de son collaborateur) se distinguent des précédentes représentations géométriques…
Curieusement, on retrouve avec cet objet volumineux, après bien des évolutions à la fois techniques, sociologiques et culturelles, des éléments ultracontemporains de nos écrans. Les programmes sont issus d’origines différentes, à la fois individuelles et institutionnelles, l’écran est petit, de la taille d’une tablette. Mais ce que l’on ignorait alors, ce sont les usages qui en seront faits : conçue comme une source de divertissement, puis de culture, la télévision imposera très vite son rôle social et politique.


Directrice de recherche émérite au CNRS, Isabelle Veyrat-Masson est à la fois politiste (docteure d’Etat en science politique à l’IEP Paris), historienne et sociologue des médias. Elle a, pendant plus de dix ans, dirigé le Laboratoire communication et politique UPR 3255 du CNRS. Elle a rejoint l’université de Dauphine et l’Institut pratique du journalisme et est actuellement au Cerlis de Paris-Cité.
Co-rédactrice en chef de la revue
Le Temps des médias, revue d’histoire. Vice-présidente de la Société pour l’histoire des médias (SPHM), présidente du Comité d’histoire de l’audiovisuel et du numérique (CHAN), elle est une spécialiste de l’histoire et de la sociologie de la télévision. Elle a été co-commissaire en 2014 de l’exposition du Cnam «Culture TV. Saga de la télévision française». Elle étudie à la fois les programmes de la télévision et son rôle social et politique. Auteure de plusieurs ouvrages dont : Quand la télévision explore le temps. L’Histoire au petit écran, 1953-2000 (Ed. Fayard, prix Télévision du CHTV) et, avec Monique Sauvage, de L’Histoire de la télévision française de 1935 à nos jours (Nouveau Monde Ed.), elle a collaboré à plusieurs documentaires de télévision et participe, à différents niveaux (chroniqueuse, experte…), aux magazines et à différents «plateaux» de la télévision.


INSCRIPTION
 


Thème du mois : COMMUNICATION

  • Jeudi 13 juin : Les communs, antidote à l’industrialisation des communications numériques ?
  • Jeudi 20 juin : De l’amateur à l’auditeur, invention d’un média : la radio
  • Jeudi 27 juin : Télévision, anatomie d’un objet technique, social et politique
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    Cycle de conférences
    « L’aventure des inventions »

     
    Ce rendez-vous entend mettre à l’honneur les collections du musée des Arts et Métiers en proposant chaque mois une programmation recouvrant un champ scientifique différent :

    • Octobre : mathématiques
    • Novembre : physique
    • Décembre : chimie, biologie
    • Janvier : philosophie et épistémologie des sciences
    • Février : informatique
    • Mars : énergie
    • Avril : transports
    • Mai : mécanique
    • Juin : communication

    Des intervenants, tous reconnus pour leur excellence scientifique et leur capacité à transmettre les savoirs, choisissent un objet du parcours permanent du musée des Arts et Métiers et en font le point de départ d’une histoire ou d’une aventure qui emmène le public vers la recherche actuelle et les grands enjeux contemporains.
     
    Tous les jeudis, d’octobre 2023 à juin 2024, de 18h à 19h30
    au Cnam, 292 rue Saint-Martin, 75003 Paris (Amphithéâtre Abbé Grégoire)
    Entrée gratuite sur inscription.
    L’inscription à la conférence donne droit à un accès à la collection permanente du musée. Cette visite libre des galeries sera complétée une fois par mois par une visite guidée thématique, qui mettra en lumière les trois objets du mois.
     
    Organisé par le Cnam, en partenariat avec Hesam Université, l’AFAS, la Mairie de Paris, la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, l’Association philotechnique, la Fondation La main à la pâte