Une mémoire à sauvegarder : celle des glaciers de montagne

Alain Foucault

Professeur émérite du Muséum national d’histoire naturelle (Paris)
 

Carottage

On sait que les grands glaciers, au Groenland et en Antarctique, ont conservé la mémoire de l’évolution de notre climat, et cela depuis au moins 800 000 ans et sans doute davantage. De grands carottages dans leurs glaces ont pu le mettre en évidence.

Les petits glaciers de montagne ont une moins longue mémoire, au plus quelques siècles, mais les renseignements qu’ils peuvent donner sont précieux, étant répartis dans des régions autres que les domaines polaires. Mais ils sont en danger car le réchauffement climatique actuel les fait fondre. Si l’on veut conserver leurs enregistrements et pouvoir les étudier dans l’avenir par des méthodes encore inconnues, il est urgent de prélever et conserver ces archives.

C’est pourquoi un programme international a été mis en œuvre pour sauvegarder la mémoire des glaciers de montagne. Le glacier du col du Dôme (4300 m, massif du mont Blanc) a été choisi pour commencer ces prélèvements. Cette première campagne de carottage a commencé le 15 août 2016 et s’est achevée le 29 août. Trois carottes ont été prélevées (de 126 m, 128 m et 129 m) permettant de remonter à 150 ans. Elles ont été transportées à Grenoble au Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement (LGGE), université Grenoble Alpes, CNRS. L’une d’entre elles sera analysée en 2019 pour constituer une base de données disponible pour l’ensemble de la communauté scientifique mondiale. Les deux autres seront acheminées par bateau puis par véhicules à chenilles sur les hauts plateaux de l’Antarctique, en 2020, pour être stockées à la base Concordia, gérée par l’Institut polaire français Paul-Emile Victor (IPEV) et son partenaire italien, le Programme national de recherche antarctique (PNRA). A terme, ce sont des dizaines de carottes de glace patrimoine qui devraient être stockées dans une cave creusée sous la neige, par -54°C, le congélateur le plus sûr – et naturel – du monde.

Une deuxième mission, plus longue et plus complexe, se déroulera en 2017 dans les Andes en Bolivie (glacier Illimani). D’autres pays sont déjà candidats pour s’inscrire dans ce projet et sauvegarder la mémoire des glaciers auxquels ils ont accès : l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, le Brésil, les États-Unis, la Russie, la Chine, le Népal, le Canada.

 

Pour aller plus loin :
http://www.osug.fr/sciences-pour-tous/le-coin-des-medias/communiques-de-presse/sauvegarder-la-memoire-de-la-glace.html
https://www.facebook.com/ProtectingIceMemory/
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/4631.htm?theme1=6
http://fondation.univ-grenoble-alpes.fr/ice-memory
 

Crédit photo : © Sarah Del Ben / Wild Touch / Fondation UGA